Auteur : Dawn Kurtagich

Éditeur : Chat Noir

Nombre de pages : 446

Catégories : Fantastique & Horreur

Prix : 19,90€

Pourquoi ce livre ?

Parce que j’aime beaucoup ce que fait l’autrice.

Parce que c’est une réécriture de Faust.

Parce que j’ai relu le Faust de Goethe juste avant.

Parce que regardez-moi cette couverture !!!

De nos jours. Zoey, obsédée depuis toujours par les ruines de Mill House qui semblent avoir un lien avec l’amnésie de son père, fugue avec son meilleur ami pour y mener l’enquête. Sur place, des événements étranges les font douter. Sont-ils seuls ? En danger ? D’autant plus que personne ne sait qu’ils sont ici…

1851. Roan emménage à Mill House pour y vivre avec son nouveau tuteur après le décès de son père. Elle y fait la rencontre d’autres orphelins. Mais quand elle comprend qu’elle est liée à un ancien secret, elle décide de s’échapper avant qu’il ne soit trop tard… Avant que les brumes ne se referment complètement autour du manoir.

1583. Hermione, jeune mariée, accompagne son époux dans les terres sauvages du nord du Pays de Galles où il a prévu de construire une maison et un moulin à eau. Mais bientôt, des rumeurs concernant des rituels démoniaques se propagent…

3 femmes, 3 époques différentes, toutes liées par un Pacte Impie. Un pacte signé par un homme qui, plus de mille ans plus tard, est peut-être encore là…

Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas le mythe de Faust :

« Faust, qui s’appelait Faustus en réalité, était un moine. Un homme qui avait voué sa vie à la connaissance et à la parole divine. Il vivait avec ses frères en religion sous la terre pour s’assurer le plus complet des dévouements, loin de toute distraction, de toute tentation. C’était un ordre fraternel. Ancien. Mais Faustus était avide. Il craignait la mort et brûlait d’obtenir immortalité, savoir et richesse. Alors commença sa quête, celle d’un moyen de communiquer avec le diable, qu’il appelait Belzebuth.

On ignore comment, mais Faustus parvint à faire un marché, troquant son âme contre une vie longue de millénaires, afin qu’il puisse continuer à enrichir ses connaissances de même que profiter de tous les délices de ce monde. »

Je ne connais pas le Faust de Christopher Marlowe, que l’autrice reprend ici, seulement celui de Goethe, que j’avais lu une première fois en 2009. J’en ai donc profité pour relire cette tragédie qui m’a permis de devenir prof d’allemand. Contre toute attente, j’y ai pris plaisir^^ Et ce fut bien sûr la meilleure des introductions pour Les Brumes Affamées. Certes, l’autrice ne se réfère pas à ce titre-ci, mais bel et bien au même mythe (celui de l’extrait).

Encore une fois, j’ai beaucoup aimé la façon qu’a l’autrice de présenter son texte. Sa plume, bien sûr, mais aussi sa mise en page qui permet une immersion sans pareil. J’ai regretté qu’on ne puisse pas suivre les trois femmes « à parts égales », mais je comprends le choix de l’autrice qui permet d’accentuer le mystère.

Enfin, si les Brumes sont Affamées, moi j’ai dévoré ce roman. La plume est addictive, l’intrigue à la fois connue et inconnue, et les personnages attachants. Toutefois, je ne saurais dire comment j’en suis ressortie. Glacée ? Dérangée ? En attente d’une suite ? Ou d’une relecture ?

L’histoire :

Celles de trois femmes, de trois temporalités.

L’histoire d’un homme qui voulait tout connaître.

Une histoire de Pacte.

Les personnages :

Roan Evelyn Eddington vit en 1851. C’est une jeune femme de bonne famille qui vient de perdre son père et se voit dans l’obligation d’emménager chez son nouveau tuteur, le Dr Maudley, dont elle ne sait rien. Roan est une femme forte et le devient de plus en plus tout au long des pages. Elle est de nature obstinée et en quête de ce qui est Bien. Pendant toute son enfance, et jusqu’à sa mort, son père lui a appris à Pratiquer.

Zoey est une adolescente qui vit de nos jours, et dont le père est enfermé dans un asyle / une maison de repos. Suite à un voyage, il a perdu la mémoire et ne reconnaît plus personne. Toutefois, contrairement à sa mère, la jeune fille refuse de l’abandonner. Elle décide donc de suivre son chemin afin de comprendre ce qui lui est arrivé pour, elle l’espère, pouvoir lui venir en aide. Pour ce faire, elle compte bien utiliser la Pratique, cet Art qu’il lui a enseigné.

Hermione John-Smith vit en 1583 aux côtés d’un homme, John Smith, qui veut construire un moulin là où il semble ne pas y avoir d’eau. On la suit grâce à quelques pages extraites de son journal. Contrairement aux deux précédentes, elle fait l’effet d’une femme faible, soumise, ce qui est finalement plutôt logique au regard de l’époque à laquelle elle vit. Contrairement aux deux autres, elle subit plus qu’elle n’agit…

La plume de l’autrice :

Ce roman est divisé en six parties et chacune commence par une citation de La Tragique Histoire du docteur Faust, de Christopher Marlowe. Dans chaque partie, on suit tour à tour les trois jeunes femmes. Des extraits de journal intime pour Hermione, d’autres extraits, mais aussi de la narration au présent et à la troisième personne pour Zoey, ainsi que quelques retranscriptions vidéo, et enfin essentiellement de la narration au présent et à la troisième personne pour Roan. C’est cette dernière qui prend le plus de place dans le récit. Un récit donc, où l’on enchaîne les temporalités, mais pas les temps. Et, en dehors des extraits de journaux et des retranscriptions, on trouve également de nombreux dessins et autres images ou photos.

Les entrées de chapitres sont toutes décorées en fonction du personnage, les polices d’écriture différentes selon les journaux. Parfois, c’est écrit blanc sur noir (pages noires donc), d’autres fois, la taille de l’écriture change, parfois encore, un mot s’écrira sur plusieurs lignes, en diagonale. Ainsi, le lecteur peut mieux appréhender le ressenti des personnages qui, de fait, ne passe pas seulement par les mots choisis, mais aussi par la manière dont il sont placés.

Enfin, comme toujours avec cette autrice, la plume est fluide et l’intrigue sombre et pleine de mystères.

Un roman unique, comme seuls sait les écrire Dawn Kurtagich. Une véritable expérience de lecture dont on ne sort pas indemne.

L’histoire : 4,5/5     Les personnages : 4,5/5     L’écriture : 5/5     Mon appréciation : 4,5/5

Total : 18,5/20 

Je vous invite à lire